La résiliation à tout moment et sans frais de l’assurance contractée pour un prêt à l’habitat permet aux ménages emprunteurs de réaliser des économies importantes. Dans les faits, faire jouer la concurrence pour assurer son crédit reste une pratique marginale. Pourtant, la période y est plus propice, estiment des courtiers en crédit.
Entre reflux des taux d’intérêt immobiliers, baisse relative des prix et repli de l’inflation, les Français ont depuis le début de l’année retrouvé un pouvoir d’achat immobilier précieux. En outre, le choc de la dissolution et la nouvelle donne politique n’ont, jusque-là, pas poussé les banques à renchérir le crédit, carburant des projets immobiliers.
Récemment encore des courtiers témoignent de la poursuite du recul des taux d’emprunt. C’est le cas d’Artémis Courtage qui souligne que début juillet, les nouveaux barèmes de ses banques partenaires, « sont majoritairement en baisse, de l’ordre de 15 à 20 points, ce qui démontre leur volonté affichée de prêter et d’être concurrentiel. Seul un établissement a augmenté ses taux en raison d’objectifs commerciaux déjà atteints. »
Dans ce contexte, un autre levier permettant d’économiser sur le coût de son crédit et de (re) gagner du pouvoir d’achat immobilier, mérite d’être étudié. Il s’agit de l’assurance-emprunteur, qui reste trop souvent négligée. En dépit de l’arsenal législatif qui a ouvert à la concurrence ce marché, près de 9 assurances sur 10 sont encore signées auprès de la banque qui finance le prêt.
Or, recourir à la délégation d’assurance, c’est-à-dire souscrire une assurance individuelle autre que le contrat groupe de la banque prêteuse, peut générer des économies substantielles. Pour rappel, le gain moyen « Loi Lemoine » [loi du 28 février 2022 qui a permis aux particuliers de changer d’assurance-emprunteur à tout moment, NDLR] des dossiers est estimé par des experts autour de 20.000 euros sur le coût total du crédit, soit une centaine d’euros par mois.
Rabais substantiels.
La période actuelle est jugée par des courtiers plus propice à la négociation ou renégociation de l’assurance-emprunteur. « Les banques acceptent clairement de négocier leurs taux, ainsi que l’assurance associée aux prêts, pour les emprunteurs dont le dossier est solide », observe Ludovic Huzieux, co-fondateur d’Artémis courtage.
De même, selon Stéphane Bolelli, directeur assurance et placements de Cafpi, « dans un moment où les banques reviennent conquérir des clients, c’est un peu plus facile de négocier l’assurance-emprunteur. Les banques lâchent du lest sur l’assurance alors que l’activité liée au crédit se reprend. » D’ailleurs, dans l’activité de Cafpi, poids lourd du courtage immobilier en France, la délégation de l’assurance au moment du crédit est en forte hausse – elle a doublé – au premier semestre 2024 après une baisse continue depuis 2019. Désormais chez ce courtier, 20 % de la production de crédit donne lieu à une délégation d’assurance-emprunteur.
Il faut donc profiter de la réouverture à la concurrence pour négocier l’assurance-emprunteur. A noter aussi, précise Laura Martino, directrice des partenariats bancaires et du marché des professionnels chez Cafpi, « qu’en matière d’assurances-emprunteur groupe proposées par les banques, les écarts de tarifs sont très importants. »
Certaines banques, plus concurrentielles, offrent même « des remises très importantes » au moment où un client, qui a souscrit un prêt à l’habitat par leur intermédiaire avec leur assurance groupe, demande à changer celle-ci au profit d’une délégation d’assurance. A ce moment-là, elles peuvent proposer de « 50 à 70 % de rabais sur l’assurance-emprunteur groupe existante ».
Il reste un vivier important de crédits immobiliers pour lesquels la renégociation du volet assurance-emprunteur serait intéressante. Selon Cafpi, « 8 Français sur 10 détiennent encore un contrat d’assurance-emprunteur groupe sur lequel ils peuvent réaliser de belles économies ».
Le courtier donne l’exemple d’un couple âgé de 30 ans, non-fumeurs, en bonne santé, non-cadres et détenant chacun un CDI. Ils ont emprunté 250.000 euros avec une assurance-emprunteur groupe au taux de 0,30 %. La renégociation leur permettrait d’obtenir un contrat alternatif au taux de 0,08 %. Le gain obtenu s’élèverait à 21.580 euros sur la totalité du prêt, soit 90 euros d’économie par mois (et plus de 1.000 euros par an).
La renégociation peut être aussi l’occasion d’obtenir en même temps une meilleure couverture en termes assurantiel. Elle peut être intéressante même si l’on est plus âgé, avec à la clef des économies possibles entre 15.000 et 30.000 euros. Toutes les personnes qui ont un crédit immobilier en cours auraient intérêt à réaliser une simulation sur ce volet de l’assurance-emprunteur.
Source : Anne-Sophie Vion, Les Echos.